Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lité que Scythopolis[1], devenue l’une des places d’armes des Romains. Pella fut une cité libre, comme toutes les places de la Décapole ; mais il semble qu’elle s’était donnée à Agrippa II. S’y réfugier, c’était avouer hautement l’horreur de la révolte. L’importance de la ville datait de la conquête macédonienne. Une colonie de vétérans d’Alexandre y fut établie, et changea le nom sémitique du lieu en un autre nom, qui rappelait aux vieux soldats leur patrie[2]. Pella fut prise par Alexandre Jannée ; les Grecs qui l’habitaient refusèrent de se laisser circoncire, et souffrirent beaucoup du fanatisme juif[3]. Sans doute, la population païenne y avait repris ses racines ; car, dans les massacres de 66, Pella figure comme une ville des Syriens, et se voit de nouveau saccagée par les Juifs[4]. Ce fut dans cette ville anti-juive que l’Église de Jérusalem eut sa retraite durant les horreurs du siège. Elle s’y trouva bien, et regarda ce séjour tranquille comme un lieu sûr, comme un désert que Dieu lui avait préparé pour attendre en

  1. V. Menke, Bibelatlas, no 5.
  2. Georges le Syncelle, p. 274, Paris. Apamée fut appelée Pella pour la même raison. Strabon, XVI, ii, 10. On donna à notre Pella le surnom de « riche en eau » (Pline, V, 18), pour la distinguer de ses homonymes.
  3. Jos., Ant., XIII, xv, 4.
  4. Jos., B. J., II, xviii, 1 ; III, iii, 5.