Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/385

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espérance ; déjà ils relevaient ses statues, et faisaient même courir des édits avec sa signature[1]. Les chrétiens, au contraire, qui le considéraient comme un monstre, en entendant de pareils bruits, auxquels ils croyaient en tant que gens du peuple, étaient frappés de terreur. Les imaginations dont il s’agit durèrent fort longtemps, et, conformément à ce qui arrive presque toujours en de semblables circonstances, il y eut plusieurs faux Néron[2]. Nous verrons bientôt le contre-coup de cette opinion dans l’Église chrétienne et la place qu’elle tient dans la littérature prophétique du temps.

  1. Suétone, Néron, 57 ; Tacite, Hist., II, 8.
  2. Il y en eut au moins deux : 1o celui qui fut tué à Cythnos et dont nous aurons beaucoup occasion de parler ; 2o celui qui parut sous Domitien, vers l’an 88 (Tacite, Hist., I, 2 ; Suétone, Néron, 57). L’indication de Zonaras (XI, 18) sur un autre faux Néron, qui aurait paru sous Titus, semble provenir d’une erreur de date ; les données de Zonaras peuvent être rapportées au faux Néron de 88. Ceterorum de Tac., Hist., II, 8, supposerait, il est vrai, plus d’un faux Néron après celui de Cythnos ; mais il est peu probable que la politique parthe ait commis deux fois de suite la même faute, et ait été dupe à quelques années de distance de deux imposteurs jouant la même farce. Dion Chrysostome, sous Trajan, atteste que plusieurs croyaient encore fermement que Néron vivait (Orat. xxi, 10). L’auteur du quatrième livre sibyllin, qui écrit vers l’an 80, croit que Néron est chez les Parthes (vers 119-124, 137-139), et qu’il va bientôt venir. Τότε (vers 137) inviterait à placer un faux Néron sous Titus