Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/398

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gens graves en ayant sa villa au milieu de ce royaume des mœurs brillantes et dissolues[1]. Properce ne voulait pas que sa maîtresse y demeurât[2] ; Pétrone y place les débauches de Trimalcion[3]. Baïa, Baules, Cumes, Misène virent, en effet, toutes les folies, tous les crimes. Le bassin de flots d’azur compris dans le contour de cette baie délicieuse fut la sanglante naumachie où s’abîmèrent les milliers de victimes des fêtes de Caligula et de Claude. Quelle réflexion pouvait naître dans l’esprit du juif pieux, du chrétien qui appelait avec ferveur la conflagration universelle du monde, à la vue de ce spectacle sans nom, de ces folles constructions au milieu des flots, de ces bains, objet d’horreur pour les puritains[4] ? Une seule. « Aveugles qu’ils sont ! devaient-ils se dire, leur futur séjour est sous eux ; ils dansent sur l’enfer qui doit les engloutir. »

Nulle part une telle impression, qu’elle s’applique à Pouzzoles ou à d’autres lieux du même caractère,

  1. Hæc puteolana et cumana regna, Cic., ad Att., XIV, 16. Cf. ibid., I, 16, et Strabon, V, iv, 7.
  2. « Tu modo corruptas quam primum desere Baias. »
  3. Sénèque l’appelle diversorium vitiorum. Epist., 51. Cf. Martial, I, lxiii.
  4. Rapprochez la haine des moines contre Frédéric II, au treizième siècle, parce qu’il rétablit les bains d’eaux thermales à Pouzzoles.