Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/401

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que la contrée la plus tragique du monde, celle qui fut le théâtre de la grande orgie des règnes de Caligula, de Claude, de Néron, se trouvait en même temps le pays par excellence des phénomènes que presque tout le monde alors considérait comme infernaux, ne pouvait être sans conséquence[1].

Ce n’était pas, du reste, seulement l’Italie, c’était toute la région orientale de la Méditerranée qui tremblait. Pendant deux siècles, l’Asie Mineure fut dans un ébranlement perpétuel[2]. Les villes étaient sans cesse occupées à se reconstruire ; certains endroits comme Philadelphie éprouvaient des secousses presque tous les jours[3] ; Tralles était dans un état d’éboulement perpétuel[4] ; on avait été obligé d’inventer pour les

  1. Naturellement les apocalypses postérieures à l’an 79 insistent plus encore sur ces images. Carmina sibyllina, l. IV, 130 et suiv. Comp. 4e livre d’Esdras, vi et suiv., selon l’éthiopien.
  2. « Nusquam orbe toto tam assiduos terræ motus et tam crebras urbium demersiones quam in Asia. » Solin, Polyh., 40. Cf. Texier, Asie Min., pp. 228, 256, 263, 269, 279, 329 et suiv. ; 439 et suiv. ; Strabon, index, terræ motus ; Philostrate, Apoll., IV, 6. C’est ce qui explique pourquoi il y a en Asie Mineure relativement peu de monuments antérieurs au premier siècle de notre ère.
  3. Strabon, XII, iv, 10. Cf. XII, viii, 16, 17, 18.
  4. Les traces de ces déchirements sont visibles encore sur les versants du Tmolus et du Messogis. On ne saurait voir des montagnes plus bizarrement déchiquetées, fendues, crevassées. Voir surtout les environs de Tralles (Aïdin).