encore que Néron fût l’Antéchrist. Le voilà, ce mystère d’iniquité, cet antipode de Jésus, qui doit paraître pour assassiner, martyriser le monde, avant l’apparition lumineuse[1]. Néron est ce Satan incarné qui achèvera de tuer les saints. Quelque temps encore, et le moment solennel sera venu. — Les chrétiens adoptaient d’autant plus volontiers cette idée, que la mort de Néron avait été trop mesquine pour un Antiochus ; les persécuteurs de cette espèce ont coutume de périr avec plus d’éclat. On en concluait que l’ennemi de Dieu était réservé à une mort plus grandiose, qui lui serait infligée à la vue du monde entier et des anges, assemblés par le Messie.
Cette idée, mère de l’Apocalypse, prenait chaque jour des formes plus arrêtées ; la conscience chrétienne était arrivée au comble de son exaltation, quand un fait qui se passa dans les îles voisines de l’Asie donna du corps à ce qui jusque-là n’avait été qu’une imagination. Un faux Néron venait d’apparaître et inspirait dans les provinces d’Asie et d’Achaïe un vif sentiment de curiosité, d’espérance ou d’effroi[2].