Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/417

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encore que Néron fût l’Antéchrist. Le voilà, ce mystère d’iniquité, cet antipode de Jésus, qui doit paraître pour assassiner, martyriser le monde, avant l’apparition lumineuse[1]. Néron est ce Satan incarné qui achèvera de tuer les saints. Quelque temps encore, et le moment solennel sera venu. — Les chrétiens adoptaient d’autant plus volontiers cette idée, que la mort de Néron avait été trop mesquine pour un Antiochus ; les persécuteurs de cette espèce ont coutume de périr avec plus d’éclat. On en concluait que l’ennemi de Dieu était réservé à une mort plus grandiose, qui lui serait infligée à la vue du monde entier et des anges, assemblés par le Messie.

Cette idée, mère de l’Apocalypse, prenait chaque jour des formes plus arrêtées ; la conscience chrétienne était arrivée au comble de son exaltation, quand un fait qui se passa dans les îles voisines de l’Asie donna du corps à ce qui jusque-là n’avait été qu’une imagination. Un faux Néron venait d’apparaître et inspirait dans les provinces d’Asie et d’Achaïe un vif sentiment de curiosité, d’espérance ou d’effroi[2].

  1. Voir Saint Paul, p. 252 et suiv.
  2. L’histoire de cet incident nous est racontée par Tacite, Hist., II, 8-9. Dion Cassius la donnait aussi (LXIV, 9) ; mais Xiphilin a résumé son récit en une phrase sommaire. Zonaras, qui, comme Xiphilin, ne fait ici qu’abréger Dion, nous offre un peu plus de