Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/478

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nom est écrit depuis le commencement du monde dans le livre de vie de l’Agneau qui a été égorgé. « Que celui qui a des oreilles entende ! Celui qui fait des captifs sera captif à son tour ; celui qui frappe de l’épée périra par l’épée[1]. Ici est le secret de la patience et de la foi des saints. »

Ce symbole est très-clair. Déjà, dans le poëme sibyllin composé au IIe siècle avant J.-C., la puissance romaine est qualifiée de pouvoir « aux têtes nombreuses[2] ». Les allégories tirées des bêtes polycéphales étaient alors fort à la mode ; le principe fondamental de l’interprétation de ces emblèmes était de considérer chaque tête comme signifiant un souverain[3]. Le monstre de l’Apocalypse est d’ailleurs composé par la réunion des attributs des quatre empires de Daniel[4], et cela seul montrerait qu’il s’agit d’un empire nouveau, absorbant en lui les empires antérieurs. La bête qui sort de la mer est donc l’empire romain, qui, pour les gens de Palestine, semblait venir d’au delà des mers[5]. Cet empire n’est qu’une forme de Satan (du Dragon), ou plutôt c’est Satan

  1. Jérémie, xv, 2 ; Matth., xxvi, 52.
  2. Πολύκρανος. Carm. sib., III, 176.
  3. Tacite, Ann., XII, 64 ; XV, 47 ; Philostrate, Apoll., V, 13. Voir ci-dessus, p. 325. Comparez Dan., vii ; IV Esdras, xi-xii.
  4. Dan., vii.
  5. Comp. Carm. sib., l. c. : ἀφ’ ἑσπερίου τε θαλάσσης.