Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/484

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dernier, opère des miracles et va jusqu’à faire parler une statue de Néron, persécute les juifs fidèles qui ne veulent pas rendre à Néron les mêmes honneurs que les païens, ni porter la marque d’affiliation à son parti, leur rend la vie impossible, et leur interdit les actes les plus essentiels, vendre et acheter ? Certaines particularités s’appliqueraient à un fonctionnaire juif, tel que Tibère Alexandre, dévoué aux Romains et tenu par ses compatriotes pour un apostat. Le seul fait de payer l’impôt à l’empire pouvait être appelé « une adoration de la Bête », le tribut aux yeux des juifs ayant un caractère d’offrande religieuse, et impliquant un culte envers le souverain[1]. Le signe ou caractère de la Bête (Νέρων Καῖσαρ), qu’il faut porter sur soi pour jouir du droit commun, pourrait être soit le brevet de cité romaine, sans lequel en certains pays la vie était difficile, et qui pour les juifs exaltés constituait le crime d’association à une œuvre de Satan ; soit la monnaie à l’effigie de Néron, monnaie tenue par les Juifs révoltés pour exécrable, à cause des images et des inscriptions blasphématoires qui s’y trouvaient, si bien qu’ils se hâtèrent, dès qu’ils furent libres à Jérusalem, d’y substituer une monnaie orthodoxe. Le partisan des Romains dont il s’agit, en

  1. Méliton, De veritate, p. xli (7). Méliton, justement, commenta des parties de l’Apocalypse.