Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/527

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objections qu’il soulevait, aux tours de force exégétiques. L’évidence cependant était écrasante. Les Latins, moins opposés que les Grecs au millénarisme, continuèrent à identifier l’Antechrist avec Néron[1]. Jusqu’aux temps de Charlemagne, il y eut une sorte de tradition à cet égard. Saint Béat de Liebana, qui commente l’Apocalypse en 786, affirme, en y mêlant, il est vrai, plus d’une inconséquence, que la Bête des chapitres xiii et xvii, qui doit reparaître à la tête de dix rois pour anéantir la ville de Rome, est Néron l’Antechrist. Un moment même, il est à deux doigts du principe qui, au XIXe siècle, conduira les critiques à la vraie supputation des empereurs et à la détermination de la date du livre[2].

  1. Victorin de Pettau, dans la Bibl. max. Patrum, Lugd., III, p. 418 ; Lactance, Instit., VII, 14-20 ; De mort, persec., 2 ; Sulpice Sévère, Hist. sacra, II, 28, 29 ; Dial., II, 14. Dans ces écrits, la théorie primitive de l’Antechrist est modifiée de la même manière que dans le Carmen de Commodien. Comparez saint Augustin, De civ. Dei, XX, c. 19 ; saint Jérôme, in Dan., xi, 36 ; in Is., xvii, 12 ; Jean Chrysostome, in II Thess., ii (Opp., XI, p. 529-530). Qu’on lise le livre VI, De vitiis Antichristi, du traité de Malvenda, De Antichristo ; c’est encore un portrait de Néron.
  2. L’édition du texte de saint Béat par Florez (Madrid, 1770) est presque introuvable. M. Didot a collationné les plus importants passages de ce commentaire sur l’exemplaire unique de