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dont Israël forma ses idées sur l’autre vie. On peut dire que les juifs n’ont été amenés au dogme de l’immortalité que par la nécessité d’un tel dogme pour donner un sens au martyre. Au deuxième livre des Macchabées, les sept jeunes martyrs et leur mère sont forts de la pensée qu’ils ressusciteront, tandis qu’Antiochus ne ressuscitera pas[1]. C’est à propos de ces héros légendaires qu’on trouve dans la littérature juive les premières affirmations nettes d’une vie éternelle[2], et en particulier cette belle formule : « Ceux qui meurent pour Dieu vivent au point de vue de Dieu[3]. » On voit même poindre une certaine tendance à créer pour eux un sort spécial d’outre-tombe et à les ranger près du trône de Dieu « dès à présent », sans attendre la résurrection[4]. Tacite fait de son côté la remarque que les juifs n’attribuent l’immortalité qu’aux âmes de ceux qui sont morts dans les combats ou dans les supplices[5].

Le règne de Christ avec ses martyrs aura lieu sur la terre, à Jérusalem, sans doute, au milieu des na-

  1. II Macch., vii, 9, 11, 14, 23, 36. Comp. vi, 26.
  2. II Macch., vii, 36 ; Sagesse, ii-v, surtout iii, 4 et suiv. ; De rationis imperio, 9, 16, 18, 20.
  3. Οἱ διὰ τὸν θεὸν ἀποθανόντες ζῶσι τῷ θεῷ. De rat. imp., 16.
  4. Τῷ θείῷ νῦν παρεστήκασι θρόνῳ καὶ μακάριον αἰῶνα βιοῦσι. De rat. imp., 18.
  5. Tacite, Hist., V, 5.