Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/534

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tions non converties, mais tenues en respect autour des saints. Il ne durera que mille ans[1]. Après ces mille ans, il y aura un nouveau règne de Satan, où les nations barbares, que l’Église n’aura pas converties, se feront des guerres horribles et seront sur le point d’écraser l’Église elle-même. Dieu les exterminera, et alors viendront « la seconde résurrection », celle-ci générale, et le jugement définitif, qui sera suivi de la fin de l’univers. C’est la doctrine qu’on a désignée du nom de « millénarisme », doctrine fort répandue dans les trois premiers siècles[2], qui n’a jamais pu devenir dominante dans l’Église, mais qui a reparu sans cesse aux diverses époques de son histoire, et s’appuie sur des textes bien plus anciens et bien plus formels que tant d’autres dogmes universellement acceptés. Elle fut le résultat d’une exégèse matérialiste, dominée par le besoin de trouver vraies à la fois les phrases où le royaume de Dieu était présenté comme devant durer « dans les siècles

  1. Cette manière de concevoir le règne messianique comme distinct de l’état qui suivra le jugement dernier, et comme antérieur à cet état, se retrouve dans l’Apocalypse d’Esdras, écrite vers l’an 97.
  2. Cérinthe, dans Eusèbe, H. E., III, 28 ; Papias, dans Eusèbe, H. E., III, 39 ; Justin, Dial. cum Tryphon., 80-81 ; Irénée (voir Eusèbe, III, 39) ; Tertullien, Contre Marcion, III, 24 ; Lactance, Instit., VII, 20.