Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/539

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val noir à Mercure[1], le cheval jaune[2] à Jupiter[3].

Les défauts d’un tel genre sont sensibles, et on essayerait vainement de se les dissimuler. Des couleurs dures et tranchées, une absence complète de tout sentiment plastique, l’harmonie sacrifiée au symbolisme, quelque chose de cru, de sec et d’inorganique, font de l’Apocalypse le parfait antipode du chef-d’œuvre grec, dont le type est la beauté vivante du corps de l’homme ou de la femme. Une sorte de matérialisme appesantit les conceptions les plus idéales de l’auteur. Il entasse l’or ; il a comme les Orientaux un goût immodéré des pierres précieuses. Sa Jérusalem céleste est gauche, puérile, impossible, en contradiction avec toutes les bonnes règles de l’architecture, qui sont celles de la raison. Il la fait brillante aux yeux, et il ne songe pas à la faire sculpter par un Phidias. Dieu, de même, est pour lui une « vision smaragdine », une sorte de gros diamant, éclatant de mille feux, sur un trône[4]. Certes, le Jupiter Olympien était un symbole bien

  1. La couleur de Mercure était le bleu foncé, facile à confondre avec le noir.
  2. Χλωρός désigne à la fois le jaune et le vert.
  3. Sur les diverses couleurs mises en rapport avec les planètes, voir Chwolsohn, Die Ssabier, III, p. 658, 671, 676, 677. Comp. le manuscrit supplément turc de la Biblioth. nat., no 242.
  4. Apoc., iv, 3.