Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/572

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cement de juin), et doublé du côté de la Pérée d’une ligne de castella, couronnant les sommets du mont des Oliviers, sépara totalement la ville du dehors[1]. Jusque-là on s’était procuré des légumes des environs ; la famine maintenant devint terrible[2]. Les fanatiques, pourvus du nécessaire, s’en souciaient peu[3] ; des perquisitions rigoureuses, accompagnées de tortures, étaient faites pour découvrir le blé caché. Quiconque avait sur le visage un certain air de force passait pour coupable de receler des vivres. On s’arrachait de la bouche les morceaux de pain. Les plus terribles maladies se développèrent au sein de cette masse entassée, affaiblie, enfiévrée. D’affreux récits circulaient et redoublaient la terreur.

À partir de ce moment, la faim, la rage, le désespoir, la folie habitèrent Jérusalem. Ce fut une cage de fous furieux, une ville de hurlements et de

  1. C’est à quoi Luc (xix, 43) fait allusion.
  2. Le souvenir de cette famine est très-vif dans les traditions talmudiques. Talm. de Bab., Gittin, 56 a et b ; Aboth derabbi Nathan, c. vi ; Midrasch sur Koh., vii, 11 ; sur Eka, i, 5. Comp. Jos., B. J., VI, iii, 3 ; Sulp. Sév., II, 30 (probablement d’après Tacite).
  3. Les raffinements de férocité gratuite que leur prête Josèphe (l. V et VI) sont peu vraisemblables.