Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/579

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donc possible que, comme le veut Josèphe, des ordres aient été donnés pour que le feu allumé la veille fût éteint, et pour que, dans l’effroyable tumulte que l’on prévoyait, des mesures fussent prises contre l’incendie. Il entrait dans le caractère de Titus, à côté d’une réelle bonté, beaucoup de pose et un peu d’hypocrisie. La vérité est sans doute qu’il n’ordonna pas l’incendie, comme le dit Tacite, qu’il ne l’interdit pas, comme le veut Josèphe, mais qu’il laissa faire, en réservant des apparences pour toutes les thèses qu’il lui conviendrait de laisser soutenir dans les régions diverses de la publicité. Quoi qu’il en soit de ce point, difficile à trancher, un assaut général fut décidé contre l’édifice, déjà privé de ses portes. Pour des militaires exercés, ce qui restait à faire n’était plus qu’un effort sanglant peut-être, mais dont l’issue n’offrait rien de douteux.

Les Juifs prévinrent l’attaque. Le 10 août[1], au matin, ils engagèrent un combat furieux, sans succès. Titus se retira dans l’Antonia pour se reposer et se préparer à l’assaut du lendemain. Un détachement fut laissé pour empêcher que l’incendie ne se rallu-

  1. Le grand jeûne des juifs pour la destruction du temple se célèbre le 9 du mois de ab, qui répond à peu près au mois d’août. Jos., B. J., VI, iv, 5 ; Mischna, Taanith, iv, 6 (cf. Dion Cassius, LXVI, 7).