Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/581

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et le trouva supérieur encore à ce qu’on lui en avait dit. Titus redoubla d’efforts, fit évacuer l’intérieur, et donna même ordre à Liberalis, centurion de ses gardes, de frapper ceux qui refuseraient d’obéir. Tout à coup un jet de flammes et de fumée s’élève de la porte du temple. Au moment de l’évacuation tumultuaire, un soldat avait mis le feu à l’intérieur. Les flammes gagnaient de tous les côtés ; la position n’était plus tenable ; Titus se retira.

Ce récit de Josèphe renferme plus d’une invraisemblance. Il est difficile de croire que les légions romaines se soient montrées aussi indociles envers un chef victorieux. Dion Cassius prétend, au contraire, que Titus eut besoin d’employer la force pour déterminer les soldats à pénétrer dans un lieu entouré de terreurs[1], et dont tous les profanateurs passaient pour avoir été frappés de mort. Une seule chose est certaine, c’est que Titus, quelques années après, était bien aise que, dans le monde juif, on racontât la chose comme le fait Josèphe, et qu’on attribuât l’incendie du temple à l’indiscipline de ses soldats, ou plutôt à un mouvement surnaturel de

  1. Dion Cassius, LXVI, 6. Comp. Josèphe lui-même, XI, ii, 3. Josèphe, ayant été témoin des événements, est très-exact dans certains tableaux ; mais l’ensemble de son récit est faussé par toutes sortes d’inventions et d’arrière-pensées.