Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/603

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que Fulvius Silva fît de véritables prodiges. Le désespoir des Juifs fut sans bornes, quand ils se virent forcés dans un asile qu’ils avaient cru imprenable. À l’instigation d’Éléazar, ils se tuèrent les uns les autres, et mirent le feu au monceau qu’ils avaient fait de leurs biens. Neuf cent soixante personnes périrent ainsi. Ce tragique épisode arriva le 15 avril 72.

La Judée, par suite de ces événements, fut bouleversée de fond en comble. Vespasien ordonna de vendre toutes les terres qui étaient devenues sans maître par la mort ou la captivité de leurs propriétaires[1]. On lui suggéra, paraît-il, l’idée qui vint plus tard à Adrien, de rebâtir Jérusalem sous un autre nom et d’y établir une colonie. Il ne le voulut pas, et annexa tout le pays au domaine propre de l’empereur[2]. Il donna seulement à huit cents vétérans le bourg d’Emmaüs, près de Jérusalem[3], et en fit une petite colonie, dont la trace s’est conservée jusqu’à nos jours dans le nom du joli village de Kulo-

  1. Jos., B. J., VII, vi, 6.
  2. Ἰδίαν αὑτῷ τὴν χώραν φυλάττων (l. c.). Cela contredit un peu κελεύων πᾶσαν γῆν ἀποδόσθαι. Φυλάττων doit sans doute s’appliquer au prix de vente. Sur le sens de ἰδίαν, comp. Corpus inscr. græc., no 3751 ; Mommsen, Inscr. regni Neap., no 4636 ; Henzen, no 6926 ; Strabon, XVII, i, 12.
  3. Voir ci-dessus, p. 301-302, note.