Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/100

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d’après leur manière de voir, une apostasie ; ils ne songeaient pas plus à s’en affranchir qu’à en délivrer les autres. Ce qu’ils croyaient inaugurer, c’était le triomphe complet du judaïsme, et non une religion nouvelle, abrogeant celle qui avait été promulguée sur le Sinaï.

Le retour à la ville sainte leur était interdit ; mais, comme ils espéraient que les empêchements ne dureraient pas, les membres importants de l’Église réfugiée continuaient à faire corps ensemble, et s’appelaient toujours l’Église de Jérusalem[1]. Dès l’époque du séjour à Pella[2], on donna un successeur à Jacques, frère du Seigneur, et naturellement on choisit ce successeur dans la famille du maître. Rien de plus obscur que tout ce qui touche à ce rôle des frères et des cousins de Jésus dans l’Église judéo-chrétienne de Syrie[3]. Certains indices[4] feraient croire que Jude, frère du Seigneur et frère de Jacques, fut quelque temps chef de l’Église de Jérusalem. Il n’est

  1. C’est ainsi que, de nos jours, le patriarche des maronites, dans le Liban, s’appelle toujours « patriarche d’Antioche », quoique les maronites aient quitté Antioche depuis des siècles.
  2. Eusèbe, H. E., III, 1. Cf. Chron., an 7 de Néron. La contradiction entre ces deux textes n’est qu’apparente. Le second fait est donné par anticipation.
  3. Voir l’Appendice à la fin du volume.
  4. Surtout l’épisode raconté par Hégésippe, dans Eusèbe, H.