Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/156

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rien dans la question présente. Vu l’extrême inexactitude des écrivains ecclésiastiques quand il s’agit d’hébreu, cette proposition vraie : « L’Évangile hébreu des chrétiens de Syrie ressemble à l’Évangile grec connu sous le nom de saint Matthieu, » devait se transformer en celle-ci, qui est loin d’en être synonyme : « Les chrétiens de Syrie possèdent l’Évangile de saint Matthieu en hébreu ; » ou bien : « Saint Matthieu écrivit en hébreu son Évangile[1]. » Nous croyons que le nom de saint Matthieu ne fut appliqué à une des rédactions évangéliques que quand la rédaction grecque qui porte maintenant son nom fut composée, ainsi qu’il sera dit plus tard[2]. Si

    décisives qui nous empêchent d’admettre que l’apôtre Matthieu ait écrit l’Évangile grec qui porte son nom, tel que nous le lisons aujourd’hui (voir Vie de Jésus, p. 166-167, note), et en particulier la façon dont la conversion de l’apôtre Matthieu y est racontée (Matth., ix, 9), n’existaient pas dans l’Évangile hébreu. Or Épiph., hær. xxx, 13, invite à croire le contraire. Voir ci-après, p. 216.

  1. C’est déjà la formule de Papias. Ce que Papias avait entre les mains était le κατὰ Ματθαῖον grec, qu’il regarde comme une traduction de l’hébreu. Il était donc inévitable qu’il crût que l’original hébreu portait aussi le nom de Matthieu. — Épiphane, hær. xxx, 13, est équivoque, et d’ailleurs il s’agit là de la forme la plus moderne de l’Évangile ébionite. L’Évangile nazaréen ne portait aucune désignation claire, puisque saint Jérôme appelle cet Évangile secundum apostolos, sive, ut plerique autumant, juxta Matthæum. Adv. Pelag., III, 2. Cf. Præf. in evang. ad Damasum.
  2. Voir ci-après, p. 173 et suiv.