Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/172

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dition, et elle n’a rien d’invraisemblable[1]. Rome était après la Syrie le point capital du christianisme. Les latinismes sont plus fréquents dans l’opuscule de Marc que dans aucun autre écrit du Nouveau Testament[2]. Les textes bibliques auxquels il est fait allusion se rapprochent des Septante. Plusieurs particularités font supposer que l’écrivain avait en vue des lecteurs connaissant peu la Palestine et les usages juifs[3]. Les citations expresses de l’Ancien Testament, faites par l’auteur lui-même, se réduisent à une[4] ; les raisonnements exégétiques qui caractérisent Matthieu et même Luc manquent dans Marc ; le nom de la Loi ne vient jamais sous sa plume[5]. Rien donc n’oblige de croire que ce soit à un ouvrage sensiblement différent du nôtre que s’applique ce que Presby-

  1. Irénée, III, i, 1 ; Clément d’Alex., dans Eus., H. E., VI, 14 ; Eusèbe, H. E., II, 15 ; Démonstr. évang., III, 5 ; Jérôme, Épiphane, etc. ; gloses finales des manuscrits, voir ci-dessus p. 115, note 3.
  2. Σπεκουλάτωρ, ξέστης, κῆνσος, φραγελλόω, κεντυρίων, τῷ ὄχλῳ τὸ ἱκανὸν ποιῆσαι.
  3. Marc, vii, 2-4 ; xii, 38 ; xiii, 3 ; xiv, 12 ; xv, 42. Au lieu de χειμῶνος μηδὲ σαϐϐάτῳ, Matth., xxiv, 20, Marc, xiii, 18, a seulement χειμῶνος.
  4. Marc, i, 2-3. Le verset xv, 28, est une interpolation. Il manque dans le Vat. et le Sinaït.
  5. L’expression rabbinique βασιλεία τῶν οὐρανῶν (malkouth hasch-schamaïm) devient toujours, dans Marc, βασιλεία τοῦ θεοῦ.