Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/187

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tinents que par le faste et les manières cavalières. On eût plus facilement pardonné à Vespasien des crimes que son bon sens un peu vulgaire et cette espèce de gaucherie que garde d’ordinaire l’officier pauvre engagé dans les rangs du grand monde par son mérite. L’espèce humaine encourage si peu dans les souverains la bonté et l’application, qu’il est surprenant que les fonctions de roi et d’empereur trouvent encore des hommes consciencieux pour les remplir.

Une opposition plus importune que celle des badauds de l’amphithéâtre et des adorateurs de la mémoire de Néron était celle des philosophes ou pour mieux dire du parti républicain[1]. Ce parti, qui avait régné trente-six heures à la mort de Caligula, reprit, à la mort de Néron et durant la guerre civile qui en fut la suite, une importance imprévue[2]. On vit des hommes hautement considérés comme Helvidius Priscus et sa femme Fannia (la fille de Thraséa) se refuser aux fictions les plus simples de l’étiquette impériale, affecter à l’égard de Vespasien une attitude tracassière et pleine d’effronterie. Il faut rendre cette justice à Vespasien qu’il ne sévit qu’à regret

  1. Dion Cassius, LXVI, 12, 13, 15 ; Suétone, Vesp., 13, 15 ; Arrien, Dissert. Epict., I, c. 2 ; Philostrate, Apoll., V, 22. Comp. Lucien, Peregr., 18.
  2. Voir Revue numismatique, 1862, p. 197 et suiv.