Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/196

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vers le même temps ; on crut que c’était la plus terrible épidémie qu’il y eût jamais eu[1]. Les tremblements de terre faisaient rage de toutes parts[2] ; la famine sévissait[3].

Titus tiendrait-il jusqu’au bout sa gageure de bonté ? Voilà ce qu’on se demandait. Plusieurs prétendaient que le rôle de « Délices du genre humain » est difficile à garder, et que le nouveau César suivrait la voie des Tibère, des Caligula, des Néron, qui, après avoir bien commencé, finirent au plus mal. Il fallait, en effet, l’âme absolument blasée de philosophes désabusés de tout, comme Antonin et Marc-Aurèle, pour ne pas succomber aux tentations d’un pouvoir sans bornes. Le caractère de Titus était d’une trempe rare ; sa tentative de régner par la bonté, ses nobles illusions sur l’humanité de son temps furent quelque chose de libéral et de touchant ; sa moralité n’était cependant pas d’une parfaite solidité ; elle était voulue. Il réprimait sa vanité, et s’efforçait de proposer à sa vie des fins purement objectives. Mais

  1. Dion et Suétone, l. c. ; Carm. sib., IV, 142 ; Eusèbe, Chron., année 9 de Vesp.
  2. Carm. sibyll., IV, 128-129, 143-144, 151 ; Eusèbe, Chron., à l’année 8 de Vesp. ; Orose, l. VII, c. 9 ; Philostr., Apoll., VI, 16, 17 ; Malala, X, 10 ; Georges le Syncelle, p. 647 (Bonn).
  3. Carm. sib., IV, 150-151.