Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jésus. Aux charmants apologues qu’il avait réellement prononcés, et où il avait surpassé Bouddha lui-même, on en ajouta d’autres conçus dans le même style, et qu’il est fort difficile de distinguer des authentiques. Les idées du temps s’exprimèrent surtout dans ces sept admirables paraboles du royaume de Dieu, où toutes les innocentes rivalités de cet âge d’or du christianisme ont laissé leur trace. Quelques personnes étaient blessées du peu de qualité de ceux qui entraient dans l’Église ; les portes des églises de saint Paul, ouvertes à deux battants, leur paraissaient un scandale ; elles eussent voulu un choix, un examen préalable, une censure. Les schammaïtes de même voulaient qu’on n’admît à l’enseignement juif que des hommes intelligents, modestes, de bonne famille et riches[1]. À ces difficiles, on répondait par la parabole de l’homme qui a préparé un dîner et qui, en l’absence des convives régulièrement convoqués, invite les boiteux, les vagabonds, les mendiants[2], — ou bien par celle du pêcheur, qui prend les poissons bons et mauvais, sauf à choisir ensuite[3]. La place éminente que Paul, d’anciens adversaires de Jésus, des tard-venus dans l’œuvre

  1. Aboth de-rabbi Nathan, ch. ii, fin.
  2. Matth., xxii, 1-10 ; Luc, xiv, 15-24.
  3. Matth., xiii, 47-50.