Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/250

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dans les Évangiles, d’une part, ce qui vient de Jésus, de l’autre, ce qui a été seulement inspiré par son esprit. Jésus n’ayant rien écrit, et les rédacteurs des Évangiles nous ayant transmis pêle-mêle ses paroles authentiques et celles qui lui ont été prêtées, il n’y a pas de critique assez subtile pour opérer en pareil cas un discernement sûr. La Vie de Jésus et l’Histoire de la rédaction des Évangiles sont deux sujets qui se pénètrent de telle sorte qu’il faut laisser entre eux la limite indécise, au risque de paraître se contredire. En réalité, cette contradiction est de peu de conséquence. Jésus est le véritable créateur de l’Évangile ; Jésus a tout fait, même ce qu’on lui a prêté ; sa légende et lui-même sont inséparables ; il fut tellement identifié avec son idée, que son idée devint lui-même, l’absorba, fit de sa biographie ce qu’elle devait être. Il y eut en lui ce que les théologiens appellent « communication des idiomes ». La même communication a lieu entre le premier et l’avant-dernier livre de cette histoire. Si c’est là un défaut, c’est un défaut tenant à la nature du sujet, et nous avons cru que ce serait un trait de vérité de ne pas trop chercher à l’éviter. Ce qui frappe, en tout cas, c’est la physionomie originale de ces récits. Quelle que soit la date de leur rédaction, ce sont là des fleurs vraiment galiléennes, écloses aux premiers jours sous les pas embaumés du rêveur divin.