Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/268

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que les dix-huit cents couronnes de Néron et sa procession de périodonique.

Les autres tyrannies que l’on avait traversées s’étaient montrées bien moins savantes. Celle-ci était administrative, méticuleuse, organisée. Le tyran jouait lui-même de sa personne le rôle de chef de police et de juge instructeur. Ce fut une Terreur juridique. On procédait avec la légalité dérisoire du tribunal révolutionnaire. Flavius Sabinus, cousin de l’empereur, fut mis à mort pour un lapsus du crieur, qui le proclama imperator au lieu de consul ; un historien grec, pour certaines images qui parurent obscures ; tous les copistes furent mis en croix. Un Romain distingué fut tué parce qu’il aimait à réciter les harangues de Tite-Live, qu’il avait chez lui des cartes de géographie, et qu’il avait donné à deux esclaves les noms de Magon et d’Annibal ; un militaire fort estimé, Sallustius Lucullus, périt pour avoir souffert que son nom fût donné à des lances d’un nouveau modèle, dont il était l’inventeur[1]. Jamais l’industrie des délateurs ne fut portée si loin ; les agents provocateurs, les espions pénétraient partout. La folle croyance que l’empereur avait dans les astrologues redoublait le danger. Les suppôts de Cali-

  1. Suétone, Dom., 10.