Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/272

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étage, dans les douleurs de l’avortement[1] ! Tant de perversité provoquait d’étranges réactions. Les parties sentimentales et tendres de la nature de Titus se retrouvaient chez quelques membres de la famille, surtout dans la branche de Flavius Sabinus, frère de Vespasien. Flavius Sabinus, qui fut longtemps préfet de Rome, et tint en particulier cette fonction l’an 64[2], put déjà connaître les chrétiens ; c’était un homme doux, humain, et auquel on adressait déjà ce reproche « de bassesse d’âme »[3], qui devait perdre son fils. Pour la férocité romaine un tel mot était synonyme d’humanité. Les nombreux juifs qui entraient dans la familiarité de la famille flavienne devaient trouver surtout de ce côté des auditeurs déjà préparés et attentifs[4].

Il est hors de doute, en effet, que les idées chrétiennes ou judéo-chrétiennes pénétrèrent dans la

  1. Suétone, Dom., 22 ; Dion Cassius, LXVII, 3 ; Pline, Lettres, IV, 10.
  2. Borghesi, Œuvr. compl., t. III, p. 372 et suiv.
  3. « Haudquaquam erecto animo,… mitem virum,… in fine vitæ suæ segnem. » Tacite, Hist., III, 65, 75.
  4. Il est vrai que Josèphe ne parle pas des Clemens. La cause en est sans doute dans la jalousie féroce de Domitien. Chez Quintilien (IV, præf.), de même, l’expression sororis suæ nepotes semble indiquer la crainte d’exciter la jalousie de Domitien en nommant Clemens ou Domitilla.