Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/28

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est toute l’Église ; il faut le suivre en tout, le consulter en tout : il résume la communauté en lui seul. Il est le Christ lui-même[1]. « Là où est l’évêque, là est l’Église, comme là où est Jésus-Christ, là est l’Église catholique[2]. » La distinction des différents ordres ecclésiastiques n’est pas moins caractérisée. Les prêtres et les diacres sont entre les mains de l’évêque comme les cordes d’une lyre[3] ; de leur parfaite harmonie dépend la justesse des sons que rend l’Église. Au-dessus des Églises particulières, enfin, il y a l’Église universelle, ἡ καθολικὴ ἐκκλησία[4]. Tout cela est bien de la fin du IIe siècle, mais non des premières années de ce siècle. Les répugnances qu’éprouvèrent sur ce point nos anciens critiques français étaient fondées, et partaient du sentiment très-juste qu’ils avaient de l’évolution successive des dogmes chrétiens.

Les hérésies combattues par l’auteur des épîtres ignatiennes avec tant d’acharnement sont aussi d’un âge postérieur à celui de Trajan. Elles se rattachent toutes au docétisme ou à un gnosticisme analogue à

  1. Ad Eph., § 6.
  2. Ad Smyrn., § 8.
  3. Ad Eph., § 4. Voir encore Ad Trall., § 3, 7 ; Ad Eph., § 3, 5 ; Ad Magn., § 3, 6, 7 ; Ad Polyc., § 4, 6, etc.
  4. Ad Smyrn., § 8.