Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/281

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mettre au même rang la chair de porc et la chair humaine, se hâte bientôt de se débarrasser du prépuce. Habitué à mépriser les lois romaines, il étudie et observe avec tremblement le droit juif que Moïse a déposé dans un volume mystérieux. Là, il apprend à ne montrer le chemin qu’à celui qui pratique la même religion que lui, et, quand on lui demande où est la fontaine, à n’y conduire que les circoncis. La faute en est au père qui adopta le repos du septième jour et s’interdit ce jour-là tous les actes de la vie[1]. »

Le samedi, en effet, malgré toute la mauvaise humeur des vrais Romains, ne ressemblait pas, à Rome, aux autres jours[2]. Le monde de petits marchands qui, les jours ordinaires, remplissait les places publiques semblait rentrer sous terre. Cette irrégularité, plus encore que leur type facilement reconnaissable, attirait l’attention et faisait de ces bizarres étrangers l’objet de la conversation des oisifs.

Les juifs souffraient, comme tout le monde, de la dureté des temps. L’avidité de Domitien fit porter à l’excès tous les impôts, et en particulier la capitation, nommée fiscus judaïcus, à laquelle les juifs

  1. Juvénal, xiv, 96-106.
  2. Voir les Apôtres, p. 295.