Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/287

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l’hébreu, et probablement ne comprenant pas bien la version grecque de la Bible, il engagea Josèphe à composer une histoire du peuple juif. Josèphe accueillit une telle pensée avec empressement. Elle répondait parfaitement aux suggestions de sa vanité littéraire et de son judaïsme libéral. L’objection que faisaient aux juifs les personnes instruites, imbues des beautés de l’histoire grecque et de l’histoire romaine, était que le peuple juif n’avait pas d’histoire, que les Grecs ne s’étaient pas souciés de le connaître, que les bons auteurs ne prononçaient pas son nom, qu’il n’avait jamais eu de rapport avec les peuples nobles, qu’on ne trouvait pas dans son passé d’histoires héroïques comme celles des Gynégire et des Scævola. Prouver que le peuple juif, lui aussi, avait une haute antiquité, qu’il possédait le souvenir de héros comparables à ceux de la Grèce, qu’il avait eu dans le cours des siècles les plus belles relations de peuple à peuple, que beaucoup d’Hellènes savants avaient parlé de lui ; tel fut le but que le protégé d’Épaphrodite réalisa en une vaste composition, divisée en vingt livres et intitulée Archéologie judaïque. La Bible en fournit naturellement la base ; Josèphe y fait des additions, sans valeur pour les temps antiques, puisqu’il n’avait sur ces temps d’autres documents hébreux que ceux que