Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/29

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celui de Valentin, Nous insistons moins sur ce point ; car les épîtres pastorales[1] et les écrits johanniques combattent des erreurs fort analogues ; or nous croyons ces écrits de la première moitié du IIe siècle. Cependant l’idée d’une orthodoxie hors de laquelle il n’y a qu’erreur apparaît dans les écrits dont il s’agit avec un développement qui semble bien plus rapproché des temps de saint Irénée que de l’âge chrétien primitif.

Le grand signe des écrits apocryphes, c’est d’affecter une tendance ; le but que s’est proposé le faussaire en les composant s’y trahit toujours avec clarté. Ce caractère se remarque au plus haut degré dans les épîtres attribuées à saint Ignace, l’épître aux Romains toujours exceptée. L’auteur veut frapper un grand coup en faveur de la hiérarchie épiscopale ; il veut accabler les hérétiques et les schismatiques de son temps sous le poids d’une autorité irréfragable. Mais où trouver une plus haute autorité que celle de cet évêque vénéré dont tout le monde connaissait la mort héroïque ! Quoi de plus solennel que des conseils donnés par ce martyr, quelques jours ou quel-

  1. M. Pfleiderer (Der Paulinismus, Leipzig, 1873, p. 482 et suiv.) a bien montré les rapports des épîtres ignatiennes avec les épîtres pastorales attribuées à Paul, surtout en ce qui concerne les erreurs combattues.