Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/304

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ajouter à Matthieu, Marc l’a toujours[1]. Dans les passages qui manquent chez Marc, il y a chez Luc une autre recension que chez Matthieu[2]. En d’autres termes, dans les parties communes aux trois Évangiles, Luc n’offre un accord sensible dans les termes avec Matthieu que quand celui-ci présente un accord semblable avec Marc. Luc n’a pas certains passages de Matthieu, sans qu’on puisse concevoir pourquoi il les aurait négligés[3]. Les discours de Jésus sont fragmentaires dans Luc comme dans Marc ; il serait incompréhensible que Luc, s’il avait connu Matthieu, eût toujours brisé les grands discours que nous donne

  1. Comp. Matth., ix, 1-8 ; Marc, ii, 1-12 ; Luc, v, 17-26 ; — Matth., viii, 28-34 ; Marc, v, 1-20 ; Luc, viii, 26-39 ; — Matth., ix, 18-26 ; Marc, v, 21-43 ; Luc, viii, 40-56 ; — Matth., xix, 13-15 ; Marc, x, 13-16 ; Luc, xviii, 18-30 ; — Matth., xx, 19-34 ; Marc, x, 46-52 ; Luc, xviii, 35-43.
  2. Luc, vii, 1 et suiv. ; xiv, 1 et suiv. ; xix, 11 et suiv. Luc, iii, 7-17, comparé à Matth., iii, 7-12, constitue une difficulté. Il se peut qu’il y ait eu là un effet rétroactif, comme saint Jérôme croit qu’il s’en est produit beaucoup. Præf. in evang., ad Damas. Luc, xix, 20, et Matth., xviii, 11, offrent un autre exemple de ces interpolations de Luc en Matthieu. Comp. aussi Luc, ix, 57-60, et Matth., viii, 19-22. Enfin les deux récits de la tentation, Matth., iv, 1-11 ; Luc, iv, 1-13, sont bien semblables.
  3. Exemples : Matth., ix, 27-34, 47 et suiv. ; xiii, 24-35 ; xvii, 24-27 ; xviii, 10-35 ; xx, 1-16 ; xxi, 17-22 ; xxii, 34-40 ; xxv, 1-13, 31-48 ; xxvi, 6-13 ; xxvii, 28-31 ; xxviii, 11-15, 16-20, surtout xiv, 22-xvi, 12, et le passage xx, 1-16, qui répond si bien à l’idée dominante de Luc.