Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/307

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négligés. D’un autre côté, Luc se rapproche parfois de l’Évangile hébreu, surtout dans les cas où celui-ci est supérieur à Matthieu[1]. Peut-être eut-il entre les mains une traduction grecque de l’Évangile hébreu.

On voit d’après cela que Luc occupe à l’égard de Marc une position analogue à celle que Matthieu occupe à l’égard de ce même Marc. De part et d’autre, Marc a été grossi par des additions empruntées à des documents dérivant plus ou moins de l’Évangile hébreu. Pour expliquer ces additions nombreuses que Luc fait au fonds commun de Marc et qui ne sont pas dans Matthieu, il faut aussi attribuer une large part à la tradition orale. Luc plongeait pleinement dans cette tradition ; il y puisait ; il s’envisageait comme sur le même pied que les nombreux auteurs d’essais d’histoire évangélique qui existèrent avant lui. S’est-il fait scrupule d’insérer dans son texte des récits de son invention, afin d’inculquer à l’œuvre de Jésus la direction qu’il croyait la vraie ? Non certes. La tradition elle-même ne s’était pas faite autrement. La tradition est œuvre collective, puisqu’elle exprime l’esprit de tous ;

  1. Hilgenfeld, p. 24, 26, 27, 29 (pluries), 36, surtout le passage p. 18, lignes 3-8. Comparez aussi un passage de l’Évangile ébionite, ibid., p. 33, lignes 18-19, à Luc, chap. i. Voir ci-après, p. 281.