Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/314

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que le prêtre et le lévite passent indifférents[1]. Là, le publicain sort du temple justifié par son humilité, tandis que le pharisien irréprochable, mais orgueilleux, sort plus coupable[2]. Ailleurs, la femme pécheresse est relevée par son amour pour Jésus et est admise à lui donner des marques particulières de tendresse[3]. Ailleurs encore, le publicain Zachée devient d’emblée fils d’Abraham par le seul fait d’avoir montré de l’empressement à voir Jésus[4]. L’offre d’un pardon facile a toujours été le principal moyen de succès des religions. « L’homme même le plus coupable, dit Bhagavat, s’il vient à m’adorer et à tourner vers moi tout son culte, doit être cru bon[5]. » Luc y joint le goût de l’humilité. « Ce qui est haut aux yeux des hommes est abomination aux yeux de Dieu[6]. » Le puis-

  1. Luc, x, 30 et suiv. On entrevoit derrière le récit de Luc la trilogie juive : « le cohen, le lévite et l’israël ». Luc substitue à l’israël « le samaritain ». Comparez l’ἀληθῶς Ἰσραηλίτης (Jean, i, 48), qui n’est ni cohen, ni lévite.
  2. Luc, xviii, 10 et suiv.
  3. Luc, vii, 37 et suiv.
  4. Luc, xix, 1-10.
  5. Bhagavadgita, ix, 30. Lire tout ce chapitre pour comprendre comment les religions chargées de rituel n’ont qu’un moyen pour se dégager du fardeau des œuvres, c’est le culte unique ou la gnosis d’un principe proclamant qu’il est à la fois le rite et l’objet du rite.
  6. Luc, xvi, 15. Cf. Luc, xiv, 7 et suiv.