Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/336

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racle au supplice que méritaient sa distinction et sa vertu[1]. La pièce d’Octavie composée vers ce temps, renferme de cruels accès d’indignation et de désespoir[2] :


Urbe est nostra mitior Aulis
Et Taurorum barbara tellus :
Hospitis illic cæde litatur
Numen superum ; civis gaudet
___Roma cruore.


Il n’est pas surprenant que les juifs et les chrétiens aient subi le contre-coup de ces redoutables fureurs. Une circonstance rendait la guerre inévitable : c’est que Domitien, imitant la folie de Caligula, voulait recevoir les honneurs divins. Le chemin du Capitole était encombré de troupeaux qu’on menait à sa statue pour être immolés ; le formulaire des lettres de sa chancellerie commençait par : Dominus et Deus noster[3]. Il faut lire la monstrueuse préface que met en tête d’un de ses volumes l’un des meilleurs esprits du temps, Quintilien, le lendemain du jour où Domitien l’a chargé de l’éducation de ses héritiers adoptifs, les

  1. Pline, Lettres, III, 11 ; VII, 27 ; Panég., 95.
  2. Derniers vers.
  3. Suétone, Dom., 13 ; Dion Cassius, LXVII, 13 ; Pline, Panég., 11 ; saint Jérôme, Chron., année 6 de Dom. ; Aurel. Victor, Cæs., xi, 2 ; Orose, VII, 10 ; Philostrate, Apoll., VII, 24, 32.