Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/349

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96 contre tout ce qui tenait au monde juif et à sa famille, permet à peine de supposer qu’il ait laissé sans le frapper un homme qui avait parlé de Titus sur le ton du panégyrique (crime, à ses yeux, le plus irrémissible de tous[1]), et ne l’avait loué lui-même qu’en passant[2]. La faveur de Domitia, qu’il détestait et qu’il avait résolu de faire mourir[3], était d’ailleurs un grief suffisant. Josèphe, en 96, n’avait que cinquante-neuf ans. S’il avait vécu sous le règne tolérant de Nerva, il eut continué ses écrits et probablement expliqué quelques-uns des sous-entendus que la crainte du tyran lui avait imposés.

Aurions-nous un monument de ces sombres mois de terreur, où tous les adorateurs du vrai Dieu ne songèrent qu’au martyre, dans ce discours « Sur l’empire de la raison » qui porte dans les manuscrits le nom de Josèphe[4] ? Les pensées du moins sont bien

  1. Dion Cassius, LXVII, 2.
  2. Jos., B. J., VII, iv, 2.
  3. Dion Cassius, LXVII, 3.
  4. Cf. Eusèbe, H. E., III, x, 6 ; saint Jérôme, De viris ill., 13. Le principal argument sur lequel on se fonde pour retirer l’ouvrage à Josèphe, contrairement au témoignage des manuscrits, n’est pas décisif. Josèphe, dit-on, énumère soigneusement les ouvrages qu’il a composés ou qu’il composera, et ne mentionne pas celui-ci. Mais il est possible que Josèphe ait conçu l’idée de cette exhortation au martyre durant la persécution de l’an 95-96, dont il fut peut-être victime, comme un ouvrage de