Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

donnait carrière à ses préoccupations d’avenir. La situation de l’an 97 ressemblait à beaucoup d’égards à celle de l’an 68. Les prodiges naturels semblaient redoubler[1]. La chute des Flavius fit presque autant d’impression que la disparition de la maison des Jules. Les juifs crurent que l’existence de l’empire était de nouveau mise en question. Les deux chutes avaient été précédées de sanglantes folies et furent suivies de troubles civils, qui firent douter de la vitalité d’un État aussi agité. Durant cette nouvelle éclipse de la puissance romaine, l’imagination des messianistes se remit en campagne ; les supputations bizarres sur la fin de l’empire et sur la fin des temps reprirent leur cours.

L’Apocalypse du règne de Nerva parut, selon l’habitude de ces sortes de compositions, sous un nom supposé, celui d’Esdras[2]. Ce scribe commen-

  1. Eusèbe, Chron., p. 162, 163, Schœne ; Suétone, Dom., 15.
  2. C’est le livre communément appelé « IVe livre d’Esdras », dégagé de ses deux premiers et de ses deux derniers chapitres, ainsi qu’on l’observe dans le manuscrit d’Amiens (ixe siècle), et dans la plupart des manuscrits latins. Cf. Garnier, Catal. des mss. d’Amiens (1843), no 10. Ces quatre chapitres sont des compositions chrétiennes, du iiie siècle environ. Voir les éditions critiques d’Ewald (Gœttingue, 1863), Volkmar (Tubingue, 1863), Hilgenfeld, Messias Jud. (Leipzig, 1869), Fritzsche (Leipzig, 1871). M. Bensly a découvert, dans le susdit manuscrit d’Amiens, les soixante et dix versets qui manquaient à la version latine (ch. vii),