Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/395

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çait à devenir fort célèbre. On lui attribuait un rôle exagéré dans la reconstitution des livres sacrés[1]. Le

    The missing fragment, etc. (Cambridge, 1875). La date du livre résulte des chap. xi et xii (voir ci-après, p.365 et suiv.). Les combinaisons qui résultent de ces passages n’ont pas tout à fait la même certitude que celles qui fixent la date de l’Apocalypse de Jean. Les versets xii, 14, 20, 29, sont difficiles à expliquer ; on peut supposer que, dans le texte primitif, il y avait ἓξ καὶ ἕξ, notation qui aura paru singulière et qu’on aura bien vite changée en δώδεκα. En tout cas, cela est moins invraisemblable que le système d’après lequel chaque aile représente individuellement un souverain ; jamais, dans les combinaisons relatives aux ailes qu’imagine notre voyant, il n’y a de nombres impairs, comme cela a lieu dans les combinaisons relatives aux têtes, ce qui prouve qu’il faut toujours prendre les ailes deux à deux. Les deux ailes correspondantes composant une même force, il est naturel que l’auteur ait adopté la paire comme unité symbolique. Une aile seule, sans sa parallèle, eût été, pour désigner un souverain, une image peu conforme à l’espèce de logique qu’observent ces visionnaires au milieu de leurs plus étranges fantaisies. On peut dire, d’ailleurs, que, même abstraction faite de ces deux chapitres, l’Apocalypse d’Esdras devrait être rapportée au règne de Nerva, puisque le livre est postérieur à la ruine de la maison flavienne et antérieur à la restauration de l’empire par Trajan. Passé le mois de janvier 98, l’opinion de l’auteur sur la prochaine dissolution de l’empire ne se comprendrait plus. Les trente ans dont il est question, iii, 1, 28 ; ix, 45 ; x, 46, montrent que trente ans s’étaient à peu près écoulés depuis la catastrophe de Jérusalem. Le verset iii, 1, rapporté historiquement à Esdras, constituerait un anachronisme. L’allusion qu’on croit voir à la dynastie des Hérodes, ch. vi, 7 et suiv., est sans fondement. Édom, selon l’usage, doit désigner ici l’empire romain.

  1. IV Esdr., xiv, 36 et suiv.