Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/404

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grand jour, les dépôts seront ouverts[1], en sorte que les contemporains de l’apparition du Messie n’auront qu’un avantage sur les autres, c’est d’avoir joui du règne de quatre cents ans[2]. En comparaison avec l’éternité, c’est peu de chose ; aussi l’auteur se croit-il autorisé à soutenir qu’il n’y aura point de privilège, les premiers et les derniers devant être absolument égaux au jour du jugement[3]. Naturellement les âmes des justes, ainsi tenues dans une sorte de prison, ressentent quelque impatience et disent souvent : « Jusqu’à quand cela durera-t-il ? Quand viendra l’heure de la moisson ? » L’ange Jérémiel leur répond ; « Quand le nombre de vos semblables sera complété[4]. » Ces temps approchent. Comme les flancs de la femme, après neuf mois de grossesse, ne peuvent retenir le fruit qu’ils portent, ainsi les

  1. Ch. vii, 32.
  2. Ch. vii, 28-35.
  3. Ch. v, 41 et suiv. Cf. Matth., xix, 30 (xx, 16) ; Épître de Barnabé, ch. 6 ; Apocal. de Baruch, 51.
  4. Ch. iv, 36 et suiv. Rapport frappant avec Apoc., vi, 10-11. On a supposé que Jérémiel était un équivalent de Johanan. Il est plus probable qu’il est fait ici allusion à une apocalypse perdue, qui ressemblait à celle de Jean, et où le personnage, innomé dans l’Apocalypse, qui fait patienter les justes, s’appelait Jérémiel. Les noms de Ramiel, d’Uriel, se retrouvent dans Hénoch, Fragm. grecs, dans le Syncelle, p. 12, 24 (Paris). Cf. Apoc. de Baruch, 55, 63.