Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/407

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lés, ils sont morts[1]… On voit quelles racines profondes avaient déjà dans le judaïsme les atroces doctrines d’élection et de prédestination qui devaient causer plus tard à tant d’âmes excellentes de si cruelles tortures. Ces effroyables duretés, dont toutes les écoles préoccupées de damnation sont coutumières, révoltent par moments le sentiment pieux de l’auteur. Il se laisse aller à s’écrier :


O terre, qu’as-tu fait en donnant la naissance à tant d’êtres destinés à la perdition ? Qu’il eût mieux valu que la conscience ne nous eût pas été donnée, puisqu’elle n’aboutit qu’à nous faire torturer ! Que l’humanité pleure ; que les bêtes se réjouissent : la condition de ces dernières est préférable à la nôtre ; elles n’attendent pas le jugement, elles n’ont pas de supplice à craindre, après la mort il n’y a plus rien pour elles. Que nous sert la vie, puisque nous lui devons un avenir de tourments ? Mieux vaudrait le néant que la perspective du jugement.


L’Éternel répond que l’intelligence a été donnée à l’homme pour qu’il soit inexcusable au jour suprême et qu’il n’ait rien à répliquer[2].

L’auteur s’enfonce de plus en plus dans les questions bizarres que soulèvent ces dogmes redoutables[3]. Est-ce dès le moment où l’on a rendu le dernier

  1. Fragm. de M. Bensly, v. 61.
  2. Fragm. Bensly, v. 62-69.
  3. Il n’y a pas de raison suffisante pour voir dans toute cette