Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/421

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sur un « petit roi »[1] (Nerva), qui viendra humilier les trois (Flavius), réduits à un (Domitien), qui l’ont précédé[2].

La facilité avec laquelle l’auteur a cru pouvoir adopter la prophétie du faux Esdras est d’autant plus singulière, que peu de docteurs chrétiens expriment aussi énergiquement que lui la nécessité de se séparer absolument du judaïsme. Les gnostiques, à cet égard, n’ont rien dit de plus fort. L’auteur se montre à nous comme un ex-juif très-versé dans le rituel, l’agada et les discussions rabbiniques, mais fort animé contre la religion qu’il a quittée. La circoncision lui paraît avoir été de tout temps une méprise des juifs, un malentendu qui leur a été inspiré par quelque génie pervers[3]. Le temple même fut une erreur ; le culte qu’on y pratiquait était presque idolâtrique ; il reposait tout entier sur l’idée païenne qu’on peut renfermer Dieu dans une maison. Le temple, détruit par la faute des Juifs, ne se relèvera plus ; le vrai temple est celui qui s’élève spirituel dans le cœur des chrétiens[4]. Le judaïsme en général n’a été qu’une

  1. Comp. « Regnum exile ». IV Esdr., xii, 2.
  2. Barn., 4. Cf. Daniel, vii, 7, 8, 24.
  3. Barn., 9.
  4. Barn., 16. Nous réfuterons dans notre livre suivant (chap. i) les fausses inductions qu’on a voulu tirer de ce passage.