Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/443

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Trajan veut que les invitations soient limitées et nominatives[1]. Même les associations ad sustinendam tenuiorum inopiam[2] ne sont permises qu’aux villes qui ont à cet égard des chartes particulières. En cela, Trajan était dans la tradition de tous les grands empereurs depuis César[3]. Il est impossible que de telles mesures eussent paru nécessaires à de si grands hommes si elles n’avaient été à quelques égards justifiées. Mais l’esprit administratif du iie siècle alla aux excès. Au lieu de pratiquer la bienfaisance publique, ainsi que l’État commençait à le faire, combien il eût mieux valu laisser les associations libres l’exercer ! Ces associations aspiraient à naître de toutes parts ; l’État fut pour elles plein d’injustice et de dureté. Il voulait le repos à tout prix[4] ; mais le repos, quand l’autorité le fonde sur la suppression des efforts privés, est plus préjudiciable à une société que les troubles mêmes auxquels on prétend obvier par le sacrifice de toute liberté.

Là est la cause de ce phénomène, en apparence singulier, que le christianisme s’est en réalité trouvé plus mal de la sage administration des grands em-

  1. Livre X, 116 (117), 117 (118).
  2. Livre X, epist. 93 (94).
  3. Suétone, César, 42 ; Aug., 32.
  4. Pline, Lettres, X, 117 (118).