Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/451

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mensonges, peuvent pousser les citoyens à la révolte. Il en faut dire autant de plusieurs de ceux qui se disent philosophes ; garde-toi d’eux ; il n’est pas de maux qu’ils ne fassent aux particuliers et aux peuples[1]. »

Voilà en quels termes un homme d’État de la génération qui suivit les Antonins résume leur politique religieuse. Comme en un temps plus rapproché de nous, l’État crut faire acte d’habileté en s’emparant de la superstition pour la régler. Les municipes jouirent par délégation du même droit[2]. La religion ne fut plus qu’une simple affaire de police. Un système d’annulation absolue, où tout mouvement est comprimé, ou toute personnalité passe pour dangereuse, où l’individu isolé, sans lien religieux avec les autres hommes, n’est plus qu’un être purement officiel, placé entre une famille réduite à de mesquines proportions et un État trop grand pour être une patrie, pour former l’esprit, pour faire battre le cœur ; tel était l’idéal qu’on rêvait. Tout ce qui paraissait susceptible de frapper les hommes, de produire une émotion, était un crime[3], que

  1. Dion Cassius, discours fictif mis dans la bouche de Mécène (LII, 36).
  2. Bronzes d’Ossuna. Journ. des sav., nov. 1876. p. 707-710.
  3. « Qui novas et usu vel ratione incognitas religiones indu-