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de l’extrême vieillesse de Jean, et qui paraît s’être converti à la foi du Christ dès son enfance[1]. Le respect extrême qu’il avait pour l’apôtre le lui faisait regarder avec l’œil curieux de l’adolescent, où tout s’agrandit et se transforme. La vive image de ce vieillard se fixa dans son esprit, et toute sa vie il en parla comme d’une vision qu’il aurait eue du monde divin[2]. C’est à Smyrne qu’il exerça sa principale activité, et il n’est pas impossible qu’il eût été détaché par Jean pour présider l’Église déjà ancienne[3] de cette ville, comme le veut Irénée[4].

  1. Mart. Polyc., 9 ; comp. l’Antechrist, p. 566-367. Le chiffre 86 paraît devoir s’appliquer à la durée de la vie de Polycarpe et non au temps qui se serait écoulé depuis sa conversion. Le nos de l’Épître de Polycarpe, § 11, se rapporte à l’Église de Smyrne, opposée à celle de Philippes. Le martyre de Polycarpe eut lieu le 23 février 155. Voir Mém. de l’Acad. des inscr., nouv. série, t. XXVI, lre part., p. 232 et suiv ; Zeitschrift für die histor. Théologie, 1875, p. 377-395.
  2. Irénée, Adv. hær., III, iii, 4, surtout la lettre à Florinus, dont on a vainement attaqué l’authenticité, et la lettre à Victor. Irénée, esprit si peu solide, si dénué de tout jugement, est en général une faible autorité ; mais il s’agit ici de faits personnels ; il s’en entretient avec des gens qui les savaient aussi bien que lui. Un mensonge de sa part est donc impossible à supposer. Nous avouons pourtant qu’il est surprenant qu’il ne soit pas question de Jean dans l’Épître ni dans le Martyre de Polycarpe.
  3. Apoc., ii, 8.
  4. Irénée, Adv. hær., III, iii, 4 ; Tertullien, Præscr., c. 32 ; Eusèbe, Chron., p. 162-163, Schœne ; Chron. pasc., p. 257.