Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/476

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son entourage, et que même un peu de charlatanisme pouvait s’y mêler, on conçoit quels produits étranges devaient germer dans ce nid d’intrigues pieuses, autour d’un vieillard dont la tête était peut-être affaiblie ; et qui se trouvait à la disposition de ceux qui le soignaient.

Jean resta jusqu’à la fin un juif exact, observant la Loi dans toute sa rigueur[1] ; il est douteux que les théories transcendantes qui commençaient à se répandre sur l’identité de Jésus et du Logos aient jamais été comprises de lui ; mais, comme il arrive dans les écoles où le maître atteint un grand âge, l’école marchait sans lui et hors de lui, tout en prétendant s’appuyer de lui. Jean semblait prédestiné à être exploité par les auteurs de pièces supposées. Nous avons vu tout ce qu’il y a de louche dans l’origine de l’Apocalypse ; les objections sont presque également graves et contre l’authenticité de ce livre singulier et contre l’hypothèse qui le déclare apocryphe. Que dire de cette autre bizarrerie, qu’une branche entière de la tradition

  1. Irénée, Adv. hær., III, xii, 15 ; Lettre à Victor, dans Eus., H. E., V, 24. Au iie siècle, l’exemple de l’apôtre Jean est la grande autorité qu’invoquent les Asiates qui restent le plus attachés aux coutumes juives, surtout en ce qui touche la pâque. Polycrate, dans Eus., H. E., V, 24.