Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/482

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

valle[1]. La préface de l’Évangile ne suppose pas nécessairement l’intention de composer les Actes. Il se peut que Luc n’ait ajouté ce second livre à son œuvre qu’au bout de quelques années[2] et à la demande des personnes auprès desquelles le premier livre avait eu tant de succès[3].

Ce qui porte vers cette hypothèse, c’est le parti que l’auteur a pris, dès les premières lignes des Actes[4], relativement à l’ascension de Jésus. Dans les

  1. Les Apôtres, p. xx et suiv. L’auteur des Épîtres à Timothée cite l’Évangile de Luc comme γραφή (I Tim., v, 18), et pourtant cet auteur ne connaît pas les Actes.
  2. Les efforts qu’on a faits pour prouver que le troisième Évangile et les Actes ne sont pas du même auteur sont restés tout à fait infructueux. Voir la liste des idiotismes communs aux deux écrits dans Zeller, Die Apostelgesch., p. 414 et suiv. Le livre a une parfaite unité de rédaction (Zeller, p. 387 et suiv.), et c’est là ce qui nous décide à l’attribuer au personnage qui dit ἡμεῖς à partir de xvi, 10. Car admettre que cet ἡμεῖς vienne d’un document inséré par l’auteur dans sa narration est souverainement invraisemblable. Les exemples qu’on cite d’une telle négligence appartiennent à des livres sans valeur littéraire, à peine rédigés : or les Actes sont un livre composé avec beaucoup d’art. Les locutions favorites des morceaux où il y a ἡμεῖς sont les mêmes que celles du reste des Actes et du troisième Évangile. Voir Klostermann, Vindiciæ Lucanæ, p. 48 et suiv. (Gœtt., 1866).
  3. Les Apôtres, p. xxii et suiv.
  4. Voir les Apôtres, p. xx-xxi, 54-55. L’auteur de l’Épître de Barnabé croit encore que la résurrection et l’ascension ont eu lieu le même jour (Barn., c. 15).