Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/487

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un miracle public un phénomène spirituel de l’intérieur des Églises. Ce qui concerne l’institution des Sept, le martyre d’Étienne, la conversion de Cornélius, le concile de Jérusalem et les décrets qu’on supposa y avoir été portés d’un consentement commun, provient de la même tendance. Il nous est maintenant fort difficile de discerner en ces curieuses pages la vérité de la légende ou même du mythe. Comme le désir de trouver une base évangélique à tous les dogmes et à toutes les institutions que chaque jour faisait éclore avait chargé la vie de Jésus d’anecdotes fabuleuses ; ainsi le désir de trouver à ces mêmes institutions et à ces mêmes dogmes une base apostolique chargea l’histoire des premières années de l’Église de Jérusalem d’une foule de récits conçus a priori. Écrire l’histoire ad narrandum, non ad probandum, est un fait de curiosité désintéressée, dont il n’y a pas d’exemple aux époques créatrices de la foi.

Nous avons eu trop d’occasions de montrer par le détail les principes qui président à la narration de Luc pour qu’il soit besoin d’y revenir ici. La réunion des deux partis opposés qui divisaient l’Église de Jésus est son but principal. Rome était le point où cette œuvre capitale s’accomplissait. Déjà Clément Romain y avait préludé. Clément n’avait probable-