Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/502

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Un ange gigantesque, de trente-deux lieues de haut, représentant le fils de Dieu, y jouait le rôle de révélateur ; à côté de lui, un ange femelle, de même taille, l’Esprit-Saint, paraissait comme une statue dans les nuées entre deux montagnes. Elkasaï, devenu dépositaire du livre, le transmit à un certain Sobiaï[1]. Quelques fragments de cet écrit bizarre nous sont connus[2]. Rien ne s’y élève au-dessus du ton d’un mystificateur vulgaire, qui veut faire fortune avec de prétendues formules d’expiation et de ridicules momeries. Formules magiques, composées de phrases syriaques lues à rebours[3], puériles prescriptions sur les jours fastes et néfastes, folle médecine d’exorcismes et de sortilèges, recettes contre les

  1. On se demande s’il n’y a pas ici quelque bévue de la part des hérésiologues qui nous ont transmis les renseignements sur Elkasaï. Σοϐιαΐ est peut-être le nom même des Sabiens, الصابئة. On a aussi soupçonné dans Ἠλχασαΐ quelque étymologie symbolique, אל כסי ou חיל כסי, « le dieu caché » ou « la forme cachée » (Épiph., hær. xix, 2) ; mais il se peut que Ἠλχασαΐ soit un simple ethnique d’Elkési, village au delà du Jourdain, c’est-à-dire du pays des esséens et des ébionites. Voir Gesen., Thes., p. 1211. En tout cas, Elkasaï a été un homme réel. Simon de Gitton fut appelé aussi Ἡ δύναμις τοῦ θεοῦ μεγάλη, ce qui n’empêche pas qu’il ne doive être tenu pour un personnage historique.
  2. M. Hilgenfeld les a recueillis. Novum Testamentum extra canonem receptum, fascic. III.
  3. Épiph., xix, 4, formule expliquée par M. Stern et par M. Lévy de Breslau. Cf. Zeitschrift der d. m. G., 1858, p. 712.