Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/505

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procédés magiques était aussi une prétention des esséniens[1]. Mais la morale d’Elkasaï ressemblait aussi peu que possible à celle de ces bons cénobites. Il réprouvait la virginité et permettait, pour éviter la persécution, de simuler l’idolâtrie, même de renier de bouche la foi que l’on professait.

Ces doctrines furent adoptées plus ou moins par toutes les sectes ébionites[2]. On en trouve la vive empreinte dans les récits pseudo-clémentins, œuvre des ébionites de Rome[3], et de vagues reflets dans la lettre faussement attribuée à Jean[4]. Le livre d’Elkasaï cependant ne fut connu des Églises grecques et latines qu’au iiie siècle et n’y eut aucun succès[5]. Il fut, au contraire, adopté avec enthousiasme par les osséens, les nazaréens, les ébionites d’Orient[6]. Toute la région au delà du Jourdain, la

  1. Jos., B. J., II, xiii, 12. Cf. Homélies pseudo-clém., ix, 22 et suiv. ; xi, 26 ; xiii, 14 ; xvi, 18 et suiv. De là le nom d’esséens (אסיא, « médecins » ).
  2. Épiph., hær. xxx, 2, 17.
  3. Contestatio Jacobi précitée. Voir le VIe volume.
  4. I Joh., v, 6-8.
  5. Origène le premier en entendit parler. In Ps. LXXXII (dans Eus., H. E., VI, 38) ; Philos., IX, 13. Eusèbe ne connaît les elkasaïtes que par le passage d’Origène (H. E., VI, 38), et croit l’hérésie née au iiie siècle, parce que c’est alors qu’elle parut et échoua dans les Églises non-ébionites des pays grecs et latins.
  6. Épiph., hær. xix, 1, 2, 5 ; xxx, 2 ; liii, 1.