Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/507

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ou direction pour la prière, vient peut-être des sectaires transjordaniques[1].

On ne peut assez insister sur ce point que, avant le grand schisme des Églises grecques et latines, également orthodoxes et catholiques, il y eut un autre schisme oriental, un schisme syrien, si l’on peut s’expliquer ainsi, qui mit hors du christianisme, ou pour mieux dire laissa sur ses confins tout un monde de sectes judéo-chrétiennes et ébionites, nullement catholiques (esséens, osséens, samséens, jesséens, elkasaïtes), au sein desquelles Mahomet apprit le christianisme et dont l’islam fut la revanche[2]. Une preuve, en quelque sorte vivante encore, de ce grand fait est le nom de nazaréens que les musulmans ont toujours donné aux chrétiens. Une autre preuve que le christianisme de Mahomet fut l’ébionisme ou le nazaréisme est ce docétisme obstiné qui a fait proclamer aux musulmans de tous

  1. Voir ci-dessus, p. 52-33. Dans l’idée des Arabes, ce qui constitue une religion, c’est une kibla et un kitâb, une direction pour prier et un livre. L’expression בית המקדש = معبد القدس, pour désigner Jérusalem, peut se rattacher aux mêmes sectes : Hierosolymam adorant quasi domus sit Dei (Irénée, I, xxvi, 2). Comp. Modjir eddîn, Hist. de Jér., p. 227 (édit. du Caire).
  2. Masoudi, Prairies d’or, I, p. 130. Cf. Sprenger, Das Leben und die Lehre des Mohammad, I, 18-43, 93-101, 403 ; II, p. 384 et suiv. ; G. Rœsch, dans Theol. Studien und Kritiken, 1876, 3e fascic., p. 409 et suiv. (Gotha).