Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/526

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que celui qui nie être chrétien et qui prouve son dire par des actes, c’est-à-dire en adressant des supplications à nos dieux, obtienne le pardon comme récompense de son repentir, quels que soient les soupçons qui pèsent sur lui pour le passé. Quant aux dénonciations anonymes, dans quelque genre d’accusation que ce soit, il n’en faut tenir compte ; car c’est là une chose d’un détestable exemple et qui n’est plus de notre temps[1].


Plus d’équivoque. Être chrétien, c’est être en contravention avec la loi, c’est mériter la mort. À partir de Trajan, le christianisme est un crime d’État. Seuls, quelques empereurs tolérants du iiie siècle consentiront à fermer les yeux et à souffrir qu’on soit chrétien[2]. Une bonne administration, selon les idées du plus bienveillant des empereurs[3], ne doit pas chercher à trouver trop de coupables ; elle n’encourage pas la délation ; mais elle

  1. Cf. Tertullien, Apol., 2 ; Eusèbe, H. E., III, 33 ; Chron., p. 162, 165, édit. Schœne. Méliton, dans Eus., H. E., IV, xxvi, 10 ; Sulp. Sév., Hist. sacra, II, 31 ; les Actes de saint Ignace publiés par Dressel (Patr. apost., p. 371), y font allusion. — La lettre de Tibérien (dans Malala et Suidas, au mot Τραϊανός, n’est qu’un pendant apocryphe en grec de la lettre de Pline. Un écho de la lettre de Trajan se trouve dans l’édit prétendu de Trajan, contenu dans les Actes des saints Scherbil et Barsamia. Cureton, Ancient syr. doc., p. 70, 186.
  2. Lampride, Alex. Sév., 22.
  3. Eutrope, VIII, 2 ; Julien, Cæs., p. 311, édit. Spanh.