Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/529

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l’empire ; il en rêvait le renversement surnaturel ; dans ses heures d’emportement, il prenait les armes, tuait tout, frappait à l’aveugle, puis, comme un fou furieux, après l’accès, se laissait enchaîner, tandis que le christianisme continuait son œuvre lentement, doucement. Humble et modeste en apparence, il avait une ambition sans bornes ; entre lui et l’empire la lutte était à mort.

La réponse de Trajan à Pline n’était pas une loi ; mais elle supposait des lois et en fixait l’interprétation. Les tempéraments indiqués par le sage empereur devaient avoir peu de conséquence. Les prétextes étaient trop faciles à trouver pour que la malveillance dont les chrétiens étaient l’objet fût entravée[1]. Il suffisait d’une dénonciation signée, portant sur un acte ostensible. Or l’attitude d’un chrétien en passant devant un temple, ses questions au marché pour savoir la provenance des viandes, son absence des fêtes publiques, le décelaient tout d’abord[2]. Aussi les persécutions locales ne cessèrent plus. Ce sont moins les empereurs que les pro-

  1. Eus., H. E., III, 33. Les Actes des martyres qui sont censés avoir eu lieu sous Trajan n’ont pas de valeur. Les Actes syriaques des saints Scherbil et Barsamia (Cureton, Ancient syr. doc., p. 41-72 ; Mœsinger, Acta SS. mart. Edess., I, Inspruck, 1874) ne font certes pas exception.
  2. V. surtout Minucius Félix, 12.