Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/576

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Pseudo-Baruch est le dernier écrivain de la littérature apocryphe de l’Ancien Testament. La Bible qu’il connaissait est la même que celle que nous apercevons derrière l’Épître de Jude et la prétendue Épître de Barnabé, c’est-à-dire qu’aux livres canoniques de l’Ancien Testament, l’auteur ajoute, en les mettant sur le même pied, des livres récemment fabriqués, tels que les révélations de Moïse, la prière de Manassé et d’autres compositions agadiques[1]. Ces ouvrages, écrits en style biblique, divisés en versets, devenaient une sorte de supplément à la Bible. Souvent même, justement par leur caractère moderne, de telles pièces apocryphes avaient plus de vogue que l’ancienne Bible, et se voyaient acceptées comme écriture sainte dès le lendemain de leur apparition, au moins par les chrétiens, plus faciles à cet égard que les juifs[2]. On ne vit plus désormais éclore de ces sortes de livres. Les juifs ne composent plus de pastiches des textes sacrés ; on sent même chez eux des craintes et des précautions à ce sujet. Les poésies religieuses qui se produiront plus tard en hébreu semblent écrites exprès dans un style qui n’a rien de biblique.

Il est possible que les troubles de Palestine sous Trajan aient été l’occasion qui fit transporter le

  1. §§ 59, 64.
  2. V. ci-dessus, p. 37.